Conservation des ensilages Toute l'énergie perdue en chaleur, c'est de l'énergie en moins pour faire du lait
Le Btpl (Bureau technique de la promotion laitière) rappelle qu’une bonne conservation des ensilages est gage d’une alimentation de qualité avec peu de pertes. Chasser l’air reste une priorité, même si l’ensileuse presse le chantier. Parce que les performances laitières de l’année passent notamment par le travail d’une journée, mieux vaut que l’éleveur soit le tasseur et fixe le rythme du chantier.
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D'années en années, la hauteur des silos tend à augmenter, ce qui les rend plus difficiles à tasser. Autant que possible, privilégiez un silo en longueur plutôt qu’en largeur. (© Terre-net Média) |
Produire le maximum de lait par les fourrages fait partie des fondamentaux de l’alimentation bien connus des adhérents Ecolait. En pratique, cela commence par la production d’un fourrage de qualité et adapté aux besoins des animaux (valeur alimentaire, fibrosité…). Mais sans une bonne conservation, tout ce travail peut être en partie anéanti. Vous avez été très nombreux à apprécier la bonne qualité des ensilages d’herbe du printemps 2011. A contrario, une conservation non satisfaisante des fourrages pénalise les performances laitières de vos vaches et la marge alimentaire de votre atelier lait.
Des constats de terrain…
Une température excessive :
Fait dans de bonnes conditions, au bout de trois à quatre semaines maximum, la température du fourrage doit s’approcher de celle de l’extérieur, à 5° près (maximum 10). Or, les mesures dans les silos nous montrent parfois des températures 15 ou 20° supérieures à la température moyenne du jour, et les parties mal tassées montent fréquemment à 45 ou 50°… Toute l’énergie qui part en chaleur, c’est de l’énergie en moins pour faire du lait !
Des odeurs inhabituelles : vinaigre, ranci, odeur de fourrage vert peu fermenté… témoignent de déviations fermentaires.
Des pertes en bordure ou dans la masse pouvant représenter 5 %, 10 % et jusqu'à 20 % de la masse totale !
De couleur rouge, blanche ou verte, des moisissures peuvent apparaître çà et là dans la masse du silo. Véritables témoins d’une mauvaise fermentation, elles peuvent être à l’origine de développement de mycotoxines (patuline, zéaralénone, don…). Ces mycotoxines peuvent induire, en cas de forte concentration, un ensemble de troubles zootechniques sur le troupeau (inappétence entraînant une diminution de la production pouvant aller jusqu’à - 10 %, diarrhées, avortements…).
Des principes bien connus…
Chasser l’air : une priorité !
Tant qu’il subsiste de l’air dans l’ensilage, les plantes continuent de respirer et de dégrader des sucres. Le processus d’acidification réalisé par les bactéries lactiques ne débute qu’en l’absence d’oxygène et doit démarrer le plus rapidement possible. A la reprise, un ensilage mal tassé sera sujet au redémarrage de fermentations butyriques et favorable à la multiplication de levures et moisissures.
(© DR) |
Conséquences :
• Un risque de développement de mycotoxines par les moisissures. Même s’il est impossible de prédire leurs effets, elles constituent un risque réel de perturbations métaboliques chez les ruminants.
• Une dégradation de la valeur alimentaire du fourrage par consommation par ces micro-organismes des sucres et de l’acide lactique du fourrage (et production de chaleur).
• Baisse de l’appétence du fourrage et donc diminution de l’ingestion.
Le film sous plastique limite consdérablement les pertes. (© DR) |
• Pertes de fourrage constituées de pertes visuelles que vous triez (pourri, moisissures) et de pertes invisibles liées à l’échauffement (1% de pertes de MS par jour par tranche d’écart de température silo/extérieur de 5°C).
Un silo fermé hermétiquement
Parce que la fermeture d’un silo lui garantit son étanchéité à l’air et sa stabilité de conservation, cette étape doit être faite avec minutie. L’expérience de terrain montre un intérêt réel d’utiliser un film sous-couche transparent 40 microns. Effectivement en se plaquant au fourrage, il limite considérablement les pertes en surface et bordures.
De bonnes résolutions à prendre…
1. Pendant le chantier d’ensilage :L’éleveur doit être le tasseur et fixer le rythme au chantier. C’est souvent difficile à admettre pour le chauffeur de l’ensileuse. Vous êtes souvent amené à confectionner deux silos à la fois pour répondre aux performances de l’ensileuse. (© DR) |
En pratique : pression des pneus de 2 à 2.2 bars, chargé à 1 à 3 tonnes de masses, dimension maximale des pneus : arrière 600, avant 500. Les chargeurs télescopiques sont à proscrire.
• Régler la longueur de coupe en fonction des besoins (5 cm pour l’herbe, de 15 à 20 mm pour le maïs en fonction de la MS).
• Vérifier l’affûtage des couteaux et le serrage de l’éclateur pour le maïs.
• Utiliser un conservateur dans le cas de fourrages dont l’acidification est lente : luzerne (pauvre en sucres et pouvoir tampon élevé), fourrages récoltés dans de mauvaises conditions météorologiques ou à un taux de MS faible ( < 28 %), ensilage à plus de 40 % MS (tassement difficile), prairies de qualité médiocre (composées d’espèces pauvres en sucres), ou période de pousse de l’herbe peu ensoleillée. Attention, pour être efficaces, les conservateurs biologiques nécessitent des sucres comme carburant…
2. Tout au long de l’année, soignez le front d’attaque : pour éviter les reprises de fermentation
• Laisser fermenter trois semaines avant ouverture.
• Dimensionner vos silos pour obtenir un avancement minimal de 10 cm par jour l’hiver et de 20 cm l’été (30 cm si très chaud et MS élevée ).
• Ne pas déstructurer le front d’attaque au moment du dessilage.
• Ne laisser au maximum que l’équivalent de deux jours d’avance de consommation débâchés.
• Bien charger la bâche au niveau du front d’attaque (éviter les pneus et privilégier les silosacs ou bâches haute densité).
• Consommer en premier les maïs susceptibles d’être difficiles à conserver (dans un ensilage trop humide, la fermentation butyrique augmente avec le temps et le pourcentage d’ammoniac grimpe).
• Jeter les parties moisies ( et 10 cm autour…).
Tant qu’il subsiste de l’air dans l’ensilage, les plantes continuent de respirer et de dégrader des sucres. (© DR) |
3. A court et moyen termes : adapter vos capacités de stockage à vos besoins
Chaque année, on constate un peu plus de lait produit avec un peu plus de vaches présentes… Ainsi, on observe aujourd’hui régulièrement des silos surchargés, trop hauts et souvent difficiles à tasser. Un silo est coûteux mais les pertes induites par une capacité de stockage inadaptée sont insidieuses et parfois lourdes économiquement. Autant que possible, privilégier un silo en longueur plutôt qu’en largeur en veillant néanmoins à assurer une bonne accessibilité et une circulation des engins le jour de la récolte.
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